C’étaient les fermiers voisins Emile Fontaine et Demaret qui fournissaient la paille. Une ample provision était tassée dans la cour Fontaine. L’heure venue, le « bûcher » étant prêt, les Gilles formaient le rondeau en dansant. Nous n’avons pas conservé le souvenir d’un mannequin-gille que les flammes devaient sacrifier. Par contre, nous n’avons pas oublié les sérieux remous parmi la foule lorsque l’intense chaleur faisait reculer Gilles et spectateurs. Maintes fois, les portes vernissées de la droguerie Debaise furent mises en péril. Et toujours les fourches de la ferme voisine apportaient de la paille pour activer le feu. Cela durait une heure environ, toute circulation étant bloquée. Les Airs de Gilles alternent avec un air « d’enterrement » (Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille...., au rythme ralenti) et donnent lieu à des pas endiablés et à des cris de joie, suivis de stations agenouillées et de mimes de lamentation...
La provision de paille une fois épuisée, les Gilles vidaient leurs bosses au risque de contracter un fatal refroidissement. Aussi voyait-on les épouses prévoyantes recouvrir les épaules des imprudents danseurs d’un gros pardessus d’hiver.
L’orchestre s’est tu et se retire du jeu avec les Gilles en sueur. Quant aux enfants, ils prennent possession du « rond » pour frapper à grands coups de pied dans les restes fumants.
Le Carnaval est mort, vive le Carnaval ! Les tambours et la caisse reprennent le rythme après l’arrêt et c’est dans les nombreux cafés des alentours que les derniers assauts cesseront aux premières heures du matin. »
Actuellement, la tradition survit mais plus sagement, ce qui n’est pas plus mal. Les Gilles ne vident plus leurs bosses mais sacrifient dans les flammes un mannequin empaillé et affublé d’un vieux costume
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